mercredi 28 août 2013

Le bruit de la forêt

Les rendez-vous ont repris. Je suis là dans le fauteuil, à nouveau. Derrière moi, toujours, le chemin. Et le désir de l’écrire. Le chemin. Pour l’avoir sous la main. Juste à disposition, par jour de grand froid, de grand vent, de grande fatigue, de grande déprime. Ouf. Juste pour oxygéner l’air ambiant. Il y a des troncs, noirs, droits, hirsutes comme des i et des l, dressés dans la forêt. Et mes doigts deviennent noirs de cette encre improbable. Sous ce tunnel de feuilles. Sans lumière au bout.





Une vie de pierres s’étale au milieu des herbes. Des pierres disjointes, fêlées, qui ont rencontré la chaleur, l’humidité, le craquement des branches, le pas des passants. Destins de pierres, passeurs d’empreintes, de traces, de froissements.  




La terre est rouge, ici, friable, fertile, fertile, si fertile. Depuis si longtemps. Elle s’agglutine à la chaussure le long des marches, elle fait déraper comme  le fait parfois la vie. Terre rouge, séchée au soleil. Tessère. Tesson. Taisons les sons des ramures des fougères. Elles sont devenues anecdotes, matières, stupeurs, parsemées sur la brique. Un craquement. Une feuille dentelée s’est cassée, elle est tombée, asséchée. Là. Pour quelques millions d’années. Elle est devenue fossile dans son lit de terre rouge. Sceau de la nature dans le corps de la terre.

Mon fauteuil fait maintenant corps à la forêt. Il écoute. Il dévale lui aussi les pentes. Et les mots s’accrochent aux cimes des pins.

 -FLIC. FLAC. FLOC.
C’est le bruit de la forêt.
 J’en garde. 
Un peu pour la route. Pour m’accompagner aujourd’hui. 

Les rendez-vous ont repris.





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