jeudi 5 septembre 2013

Pas le luxe de...


Pas le luxe de…


Il n’y pas, ici, le luxe d’avoir des états d’âme. Avant, c’était des panières en osier. Améliorées, elles sont maintenant en plastic, purs produits du pétrole. Les parasols, c’est pour la note de couleurs.

Par ici ! Par ici !
Bonne balade !
Pas chère !
On va voir les poissons là-bas !!!
Chacun y va de sa phrase d’accroche. Certains font du xe ôm, quand ils ne sont pas sur l’eau. La pollution est en plus. Ici, au bord de l’eau, l’air est frais. On oublie tout. Pas d’état d’âme, non. N’empêche, il y a le sexe, aussi. Leurs regards le disent. L’un d’eux raconte comme ça simplement à son copin :
Je regarde les films x. Elle est triste ma copine. Elle est triste. Ça me fait du bien !
Un autre éclate de rire. Il lui demande soudain :
Ça te prend comment ? Ça te rend la vie plus gaie ?
Ils rient tous de bon cœur.  Ils continuent de blaguer en attendant le client.
Quand je suis ici sur l’eau, ça flotte, ça me berce.
Moi, c’est pareil. La belle famille, ouf un peu d’air. Ils me méprisent. J’ai pas fait d’études.
L’eau est bleue, bleue, pacifique.  Ici, elle polit les aspérités de la vie. C’est pourquoi ils n’ont pas d’états d’âme, une fois sur  l’eau. Juste l’air du large. Dès qu’ils auront les pieds sur la terre ferme, il faudra penser à nouveau. Penser. Difficultés de l’existence. Angoisse. Argent. Argent. Face à ce bleu paradisiaque qui donne envie de se fondre dans lui.



De l’autre côté de l’île, les rochers s’entassent toujours. Ils semblaient plus petits ? Ou est-ce un effet d’optique ? Eux, non plus, n’ont pas le luxe d’avoir des états d’âme. Là, ici, maintenant, tout de suite, se faire pierre, herbe, ou eau de mer, ou barque du pacifique. Et enfin, plus d’états d’âme. Le sexe, c’était pour ne pas parler des besoins les plus primaires. Manger, boire, dormir, sans parler du reste. Le sexe et son plaisir c’est déjà une vie pas seulement végétative. Le sexe c’est déjà être homme, femme.

Qu’ont donc à faire de tout ça, ces blocs de pierre entassés ? Inertes, immobiles, comme suspendus dans leur chute, ils ont en leurs karmas de pierre, ce luxe infini de ne plus être  transis d’intranquillité sur leur existence.

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