vendredi 11 avril 2014

"Poésie verticale"

   « .. Toujours au bord.
     Mais au bord de quoi ?

     Nous savons seulement que quelque chose tombe
     de l’autre côté de ce bord
     et qu’une fois parvenu à sa limite
     il n’est plus possible de reculer.

     Vertige devant un pressentiment
     et devant un soupçon :
     lorsqu’on arrive à ce bord
     cela aussi qui fut auparavant
     devient abîme.

     Hypnotisés sur une arête
     qui a perdu les surfaces
     qui l’avaient formée
     et resta en suspens dans l’air.

     Acrobates sur un bord nu,
     équilibristes sur le vide,
     dans un cirque sans autre chapiteau que le ciel
     et dont les spectateurs sont partis… »

Treizième poésie verticale, Corti, 1993
Roberto Juarros, traduction R Munier



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