samedi 11 juillet 2015

Petite fantaisie écho à "Beloumbeloum" de Jan Doets



"Un jour, il y a des générations, un de ses ancêtres fit la chasse dans la jungle. “Là, de l’autre côté de la Sungai (rivière)”, dit-elle en pointant la main vers l’extérieur pour souligner la véracité de ses mots, ce jeune homme tua à la lance un beau cochon de jungle et le laissa avant de poursuivre sa chasse. Quand il rentra pour l’apporter chez lui, le cochon s’était converti en jarre. Il le transporta chez lui et le mit dans un coin de la chambre avant de se coucher.
 Le lendemain, la jarre était disparue. Il avait ses soupçons. Il retourna au lieu, loin dans la jungle, sous un grand arbre, où il avait caché le cochon le jour précédant et vit : la jarre dormant …
 Cette expérience s’était répétée plusieurs fois pendant les semaines suivantes, on décida donc de percer un trou dans le fond et le fixer au sol avec un boulon de fer. Heureusement, après quelques ans, la jarre cochonne s’était habituée à son nouvel environnement et ne fuyait plus
Siti se tut.
 Puis, le moment de suspense suprême. Elle déshabilla la Gousi Babui, lentement, comme si elle aidait une stripteaseuse.
 Quelle belle jarre,  époque Yuan …  pas chinoise mais vietnamienne … je reconnaissais le style. Elle tourna le pot à l’envers. Le trou était là.
 Ceci est une vraie histoire. Je n’ai aucune raison de douter les mots de Siti. Regardez son visage "

Beloumbeloum, Contes de l'équateur, Jan Doets, Editions Qazaq.


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Beloumbeloum sur l'océan des langues. De jarre en jarre, ils ont résonné dans le vent et balayé la poussière de l'oubli. 

Puisant leur eau aux vapeurs des contes. Aux cochons braisés de mythes, aux liserons lissés des onomatopées coq. o`- o' - o. Ils ont chanté le matin translangue.  Qui ruisselle sur tes parois. 


Jarre.


J'ai perdu tes langues. Mais il me reste l'essentiel. Ta musique. Vibrante. Lancinante. Résonnant dans les fêlures du monde. Et tu chantes cigale au soleil de la sieste. Et tu racontes la joie des hommes Babel. En oraison à l'adresse des choses. 


Lisez donc l'étrange histoire de la jarre vietnamienne qui a croisé le chemin d'un certain homme du nord, Jan Doets. Ils n'étaient pourtant pas destinés à se rencontrer.









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