lundi 13 juillet 2015

Rouge








J'ai ramené quelques cailloux. Vous ne le direz à personne. Je ne voulais pas dévaster la plage. Et si tout le monde faisait comme moi, pauvre plage. Je n'ai pris que de tout petits.
Rouge, et rouges, et ocre, et gris, et blancs striés.
Minuscules dans ma poche. Ils portent les ombres et les lumières qui racontent des vies entières. Le temps passe. J'ai eu peur qu'il ne passe trop vite. Le mien comme celui des proches. J'ai lu ces quelques lignes:

"A partir d'un certain âge, nos souvenirs sont tellement entrecroisés les uns sur les autres que la chose à laquelle on pense, le livre qu'on lit n'a presque plus d'importance. On a mis de soi-même partout, tout est fécond, tout est dangereux, et on peut faire d'aussi précieuses découvertes dans les Pensées de Pascal que dans une réclame pour un savon."  (1)


J'ai regardé alors les petits cailloux. Etalés. Hissés à moi. Volés au temps. Petites réclames savons. 

Chacun.










1. ( IV, 124) M Proust, cité par Roland Breuer, in Singularité et sujet, Une lecture phénoménologique de Proust, Millon, Coll Krisis, 2000, p 169.












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