vendredi 6 novembre 2015

Mondes pidgins





Il a ouvert la bouche. Des mots se sont déversés. Non des grenouilles ni des crapauds ni des serpents. Mais des perles inégales à un collier. Et puis sont venus des noms communs, agglutinés à des verbes d'ailleurs, suivis eux-mêmes d'autres mots de voyages oubliés. 

Tous faisaient fleurir des couleurs, des musiques voire des épices que l'on n'ose plus assembler. Trop proximales. Dérangeantes. Perturbantes. Sauges sauvages. Irruptives à même le corps de la langue.




C'étaient.
Des mots de tous les jours.
Des mots utilitaires.
Des mots qui divisent. 
Des mots qui ne laissent que l'ombre de ce qu'ils veulent dire.
Car sur le chemin des phrases
Leur sens s'était perdu en route

Il ne restait plus alors que la joie des mots
Devenue objet musique lumière
Petits mots emperlés, brillants, nacrés, sonores et trébuchants
Qui  poussent à écrire encore et encore
Sans raison aucune

C'était
En aval d'un dire qui ne trouve plus que
Sable, feuille et ombre
Doux éclats s'étirant
Sur le mur blanc du langage








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