vendredi 31 juillet 2015

"L'espérance de l'aube"






Ce sont des habitudes


Où les pierres deviennent poussière
Et les feuilles griffures.
Elles ne cessent d'écrire
Leur espérance de l'aube.


Seulement des mots, des images parfois, rébus dérisoire face au destin du corps.


 Je sais bien mais quand même, disent-ils...












dimanche 26 juillet 2015

Le pouls du temps





Ils n'ont pas eu le temps de voir la neige tomber sur leurs cheveux ni le vent voûter leurs épaules. Tout fut si rapide. Eclair sous la lumière plate de midi.



Dans le petit train de la vie, un wagon a vu ses murs s'envoler. Il n'y avait plus qu'un siège. Tellement couleur. A l'ombre de l'olivier. Un livre aux pages blanches ne racontait rien encore. Seulement un futur en attente. Dans le défilé des marges.

En suspens face au verdict du temps.

Sous les lattes.

Son pouls. Sourd. Bat dans les tempes de la vie.



                                      





jeudi 23 juillet 2015

Matières porcelaine






Je vous ai imaginés et soudain dans la glisse des traits qui ne finissent pas de s'écrire, sont apparus  surgis de rampes, de murs, de plafonds.



Des matières porcelaine. Fleurs soleils, traces noires pinceaux redressés à la verticale. Aquarelles bleues, vert la feuille ou l'océan. Où des
encoignures de monde se lèvent,  révélées de leurs bains d'incertitude. Chair du monde. Pulpeuse. Ecarlate. En ses petits écarts singuliers. Aux angles arrondis par la vie.











lundi 20 juillet 2015

blanc




Blanc, es-tu page ou toile horizon ?

Je me suis dit peut-être ce soir ou demain. Ne pas trop en faire. Tu le sais bien. Tu as creusé des rives. Monté des pics. Qui ne sont pas. 

Rien ne vaut l'espace observatoire. Blanc nuage. Sans orage.




Qui préfigure ce qui ne se raconte pas et se fait seulement montreur de mondes.

 A l'applomb d'un vide

Aiguise objet 




Ce soir

L'été s'espère bleu 

Encore...









Matin fritillaire



Ils n'ont pas désherbé les graviers du massif. J'ai observé les petites brindilles tombées du nid. Mais de quel nid ? Je l'ai déserté pour m'établir ici. Campant dans ce rond de mousse, ne le voyez-vous donc pas ? Avec au bout de sa courbe, petite fritillaire salade implantée là. J'entends les jeunes là-haut se réveiller. Ils n'ont pas cours encore. Ils s'installent pour la rentrée. Ballet de camions déménagements de l'été.

 

Mais qui donc a envoyé l'eau ?


Et zoomé ainsi sur les pierres ?


C'est une BD matin qui ébroue l'insignifiance du jour. Elle est cette infidélité qui déchire les  habitudes.  Dépossède le présent de son texte. Et voyage les mots . Fluides. Dans la lumière.  Sous une eau. Qui ondoie et louvoie. Miroite vagues éclats. 

C'est une langue intime. Extime devenue. Urticante parfois. Contrariante. Vicariante. Végétale envahissante. Qui occupe l'esprit vagabond.


Elle t'appelle. Ne l'entends-tu pas ?













dimanche 19 juillet 2015

Par la fenêtre






Je suis revenue. J'ai regardé par la fenêtre. Je n'ai vu que des images qui n'étaient plus. Un coin de ciel encadré par le bruissement des feuilles. De par une chambre sombre et fraîche. Ses barreaux quotidiens étaient. Alignés. Rectilignes. Dans leur rhétorique quotidienne.




Carré noir soudain.

Et puis son théorème de lumière. Oxymore. Armatures pierres et bois. Peuplées de fantômes.
Une voix s'élève. Elle ne parle, elle aussi, que de passé révolu. De revenants toujours actifs. De détails réels. Aux faits mensongers. Tous de fiction. Mi-dire d'une vérité. Matière ambigue qui respire le temps. Et s'accroche à la mémoire. Le bois est gris. Clair si clair. Serti de pierres. Aveugles.






Tu renverses la tête. Tu fermes les yeux.
Le ciel est une orange bleue. Qui goutte sa pluie de lumière. Sur les pages d'écriture de ton quotidien revenu. 









samedi 18 juillet 2015

La fabrique des rouges


Rouge dégradé matière grattée à même le temps


Effiloché d'ocre mélangée à la lumière des millénaires.


Rencontres bleues soudain. Petits singes de la mémoire, je vous ai cherchés, et retrouvés. Parmi les oiseaux, les plantes et les scènes qui n'existent pas. Même les fruits qui racontent leur course sous le soleil.


 J'ai cru en mes vieilles cartes. Pour me ressourcer au creux des rondeurs des pieuvres. Et dans leurs regards hallucinés. J'ai cherché le rouge. Il m'est apparu chocolat. Mêlé de sang, tomette, zeste brique, coquelicot carmin dans les bras, avec un doigt de garance au bout des tentacules.


Soudain le voilà ressurgi
Mémoire rouge dragon et bougainvillée
Jusque dans les fils de la matière, embarqués sur la mer de pierre

C'est un rébus qui raconte une histoire fabrique de rouges.


Barque asséchée en perdition, rouge écaillé devenu blanc 
Ils se côtoient, lissés, frangés, continuum opposite au creux d'un jaune bleu céruléen essuyés de soleil. J'ai imaginé une fabrique rouge, d'où sortiraient des tubes entiers, des seaux, des bacs, emprunts d'odeurs, de sons, de mots. Une histoire incompréhensible. Monochrome. Tonalité effervescente. Qui ne raconte rien de particulier. 

Si ce n'est la danse organique des pigments. Que la vie rejoint dans ses excédents. Pics de rouge. Brut. Mémoire d'eau. Sous l'espèce de fondus. Transparence. Vernis et glacis écaillés.











jeudi 16 juillet 2015

"un nouvel idiome"







"La communication en littérature n’est pas simple appel de l’écrivain à des significations qui feraient partie d’un a priori de l’esprit humain : bien plutôt elles les y suscitent par entraînement ou par une sorte d’action oblique. Chez l’écrivain la pensée ne dirige pas le langage du dehors : l’écrivain est lui-même comme un nouvel idiome qui se construit, s’invente des moyens d’expression et se diversifie selon son propre sens. Ce qu’on appelle poésie n’est peut-être que la partie de la littérature où cette autonomie s’affirme avec ostentation. Toute grande prose est aussi une recréation de l’instrument signifiant, désormais manié selon une syntaxe neuve. Le prosaïque se borne à toucher par des signes convenus des significations déjà installées dans la culture. La grande prose est l’art de capter un sens qui n’avait jamais été objectivé jusque-là et de le rendre accessible à tous ceux qui parlent la même langue. "



M. Merleau Ponty, La prose du monde, Gallimard, 1969, p 12.






mercredi 15 juillet 2015

Menus détails



En cours...



Seulement étapes mais vers quoi ?
 Isolées, elles paraissent un monde

Non pas...



Mais voilà leurs plis couverts et encore à recouvrir. Aplats transparents, glacis de fortune. Tu n'oses encore l'épaisseur gourmande de la vie

Petits détails, menus détails, prêts à disparaître, éphémères









mardi 14 juillet 2015

Fraîcheur


Noeuds, cordes. Soleil blanc.
Vous me lavez l'âme. Sans que je n'aie à vouloir vous défaire.
Il y aurait-il une manière de faire avec les mots, les phrases, qui vous colle à la peau et qu'il faudrait délier ?






Impératif  même discret qui n'a plus de sens face aux vagues continues 
Revenir vers le continent. A-t-il dit. Faire ses courses.
Avec dans son sac, des lettres jamais écrites. Pages blanches.
Qui attendent.C'est dans la connivence avec l'entre-deux que la traversée nous rend amphibie. Entre deux noeuds qui amarrent.










lundi 13 juillet 2015

Rouge








J'ai ramené quelques cailloux. Vous ne le direz à personne. Je ne voulais pas dévaster la plage. Et si tout le monde faisait comme moi, pauvre plage. Je n'ai pris que de tout petits.
Rouge, et rouges, et ocre, et gris, et blancs striés.
Minuscules dans ma poche. Ils portent les ombres et les lumières qui racontent des vies entières. Le temps passe. J'ai eu peur qu'il ne passe trop vite. Le mien comme celui des proches. J'ai lu ces quelques lignes:

"A partir d'un certain âge, nos souvenirs sont tellement entrecroisés les uns sur les autres que la chose à laquelle on pense, le livre qu'on lit n'a presque plus d'importance. On a mis de soi-même partout, tout est fécond, tout est dangereux, et on peut faire d'aussi précieuses découvertes dans les Pensées de Pascal que dans une réclame pour un savon."  (1)


J'ai regardé alors les petits cailloux. Etalés. Hissés à moi. Volés au temps. Petites réclames savons. 

Chacun.










1. ( IV, 124) M Proust, cité par Roland Breuer, in Singularité et sujet, Une lecture phénoménologique de Proust, Millon, Coll Krisis, 2000, p 169.












dimanche 12 juillet 2015

Moi, laminaire


J'ai voulu laver mon âme
En levant ce regard d'algue


Qui flotte et qui danse
Au rythme du ressac.


Deux mots ont alors monté en moi,
Mots valises pris dans les vagues 
Moi laminaire 
J'ai alors fait corps à l'eau
Oui, à l'heure de la marée


L'eau a monté, monté, bruissante, heurte rocs, fracas de fortune. Les mots ont tournoyé.
Laminaire, fucus, laitue, nori et baudrier de Neptune,
Tous sont venus danser dans le vent du large
Sel, iode, aigue marine, céladon, vert de hooker, j'ai un faible pour toi...


Mon regard les a suivis parmi les pierres,
Et dans la houle
Je me suis perdue
Moi laminaire
Indissociable désormais
Césaire vous a rendues pour toujours métissées
 Vous faisant soeurs des coquelicots Giverny, à jamais tournesols d'Arles
Engloutis dans la mémoire
Pour toujours
Dès que le regard vous caresse


L'eau est montée
"Encore, encore, encore..."
A susurré l'algue
Dans l'ombre de la pierre 
Elle a ramassé ses cheveux épars
Et...


-"Arrête donc, tu vas me rendre folle, à parler cette langue de lagune ! A saute-mouton, à force de permuter de place, les mots vont se percuter, c'est sûr ! Et le sens, que fais-tu du sens ?"
-" Ciel, mon mardi !"
-"Que racontes - tu donc ?"   
-"Ne t'en fais pas, je ne fais qu'habiller les grelots de la marée qui monte. Et dans leur pouls et leur souffle de lune. J'entends la ronde des mots en leur infortune."

Danse laminaire
Face au roc de la mer






samedi 11 juillet 2015

Théâtre place Ruzebouc



Ils avaient monté en trois jours top chrono
Ces pièces aux textes durs où "les souris se font toujours manger" 
où " Mr Maloche acquiesce et s'excuse d'être con"
Loin des murs de l'hôpital
 Si belle était la Loire
En son doux soir d'été
Et sa vérité à fleur d'eau.









Acteurs, actrices


Régisseur et metteuse en scène





Infirmier et passants





Happening
S'interpellant


Ils ont mangé et bu
Passavent,
Pas sans vent




Puis le rideau est tombé.
La nuit est venue.


Même toi qui passais par là, tu es resté jusqu'au bout, regard attentif plongeant les yeux
Dans les yeux du couchant qui monte
Ronron la tendresse