lundi 31 juillet 2017

les chemins familiers







je ne suis pas triste avait-il dit c'est étrange à un moment donné ma vue ne voyait plus mon oreille n'entendait plus comme lorsqu'on s'endort et que les perceptions vous quittent une à une pour sentir seulement le serrement de la main d'une présence familière avec le sentiment que la vie de soi animal s'en allait mais le chemin  qui l'anime toujours vivant temps de passage des petites fins d'une fin de vie non je ne suis pas triste seulement surpris par cette nouvelle expérience que je n'avais jamais vécue serait-cela une fin de vie où seul compte le chemin sans ponctuation aucune sans but aucun il n'est que le sot qui regarde le bout du doigt qui désigne la lune ne sois pas triste je ne le suis pas je suis seulement content que tu marches sur mes chemins familiers elle avait raconté cela le ton de sa voix avait changé au cours des mots elle pensait seulement en être détachée car sa vie suivait un chemin  parallèle mais ses mots l'avaient ramenée à ce temps où s'était installé l'oubli Au milieu du chemin de notre vie Je me trouvais dans une forêt obscure D'où la voie droite avait disparu avait écrit Dante dans la Divine Comédie











dimanche 30 juillet 2017

Fenêtres sur âme




Dans la vallée de l'Urola à Azpeita une église fut construite autour d'une maison fortifiée elle l'encercle peut-être même l'étouffe et sur les murs restent encore des dessins d'enfant qui rêvent de voyages toutes voiles dehors et il y eut tant d'écritures et de ratures et puis aussi une cheminée où le regard caresse encore et le bois et le feu et le chaudron et puis aussi la soupe au parfum toujours présent l'enfant a vécu dans ces murs avant de s'en éloigner pour se dépouiller et mieux dénuder son âme il y eut voyages errances luttes et rencontres contemplation dans l'action avait-il dit énoncé paradoxal à méditer mais n'est-ce ce que l'on nomme koan il s'appelait Ignace était né en 1491 c'était à Loyola dans la vallée de l'Urola à Azpeita et voulant sonder son regard étrange a résonné dans le suspens du silence cette toute aussi étrange phrase " la rose est sans pourquoi" que cherches tu donc





vendredi 14 juillet 2017

disparition






Je l'ai retrouvée sur la plage l'on m'a dit c'est le pêcheur parti tôt ce matin qui l'a laissée jamais pourtant je ne l'ai croisé ai imaginé sa remorque pleine de poissons et de coquillages abondance en route incessante à travers la plage seule est restée sa trace ensablée au milieu des algues me suis installée pour guetter fermement son retour





jeudi 13 juillet 2017






leçons de choses histoires de rien et ces questions d'enfant pourquoi les oiseaux ont-ils des têtes noires et des pattes rouges que n'épuisent les réponses amenées par le vent sternes sternes sternes a pourtant dit l'écho






histoires de rien












c'est le vent qui hurle souffle et crie comme une colère d'enfant il tourbillonne dans les murs sable soleil autour du verre du soir il raconte ce que veulent dire les locaux calme ce matin lumière ascendante retrouvaille





mardi 11 juillet 2017

l'océan sans boussole











et ce bonheur de retrouver l'océan  sans boussole si ce n'est celle de l'enfance de ses cinq ans pourquoi cinq ans serait-ce l'âge d'un Noël avec sa première poupée dans sa boîte avion et les poumons pleins du large avec les yeux étoiles et les jambes ensablées cinq ans pour toute l'éternité en son regard océan brume salée mouettes du Pacifique et c'est l'eau hors temps que tu inspires et expires en chacune de ses molécules insouciance vacances enfance vagues ressac sans cesse sans cesse présent d'éternité












lundi 10 juillet 2017

orages






orage orage tant cette nuit et la boue ce matin en appelle au voisinage oiseaux tapis dans les arbres baignés d'eau ils regardent passer les escargots passent les mouettes et puis les nuages soucis de la vie puissiez-vous passer aussi 



dimanche 9 juillet 2017

jeune à cent ans



Résultat de recherche d'images pour "hokusai self portrait"



L'on ne nait pas jeune on le devient
Hokusai Katsushika disait :

"Depuis l'âge de 6 ans, j'avais la manie de dessiner la forme des objets. Vers l'âge de 50 ans, j'avais publié une infinité de dessins, mais tout ce que j'ai produit avant l'âge de 70 ans ne vaut pas la peine d’être compté. C'est à l'âge de 73 ans que j'ai compris à peu près la structure de la nature vraie des animaux, des herbes, des arbres, des oiseaux, des poissons et des insectes. Par conséquent, à l'âge de 80 ans, j'aurai fait encore plus de progrès ; à 90 ans, je pénétrerai le mystère des choses ; à 100 ans, je serai certainement parvenu à un stade merveilleux et, quand j'aurai 110 ans, tout ce que je ferai, un point, une ligne, sera vivant."
comment dire en vérité ce que fait entendre Hokusai peut-être qu'avec le temps la répétition  peut dépouiller les mots les formes les traits et les points de leurs scories d'où un certain bienfait de la répétition mais elle vient détruire sa propre nature en ne répétant plus du même mais en amenant du neuf
vie souffle et mots en ses lapsus ou inventions deviendraient alors opportunité jeunesse voire naissance  quintessence saisie enfin sur le seuil où le corps s'en va
un petit tour et puis s'en va et seul reste le temps de faire le parcours et l'expérience
est-ce ce pourquoi le singe sourit






 Singe, jouant avec un jouet, 1800, Hokusai ( 1760-1849 )






attrape papillons ou libellules 
défleuri ce matin
orages dans la nuit
écoute venir la pluie 
perles d'eau encore
oh oui






vendredi 7 juillet 2017

découverte du matin



 il y a le chemin paysage que l'on fait seul à deux à trois ou à quatre en s'exclamant et puis soudain j'ai vu ce que je ne suis pas arrivée à formuler ni à dire plus avant c'est un chemin un lieu peut-être dans son temps face à l'inconnu 

et en lisant ces phrases de Jabès dans "Esprits nomades" :

"Il n'y aura jamais assez d'heures pour venir à bout de la mémoire.

« Avant il a l’eau, après il y a l’eau ; durant toujours durant, … Jamais l’eau sur l’eau, jamais l’eau pour l’eau, mais l’eau où il n’y a plus d’eau, mais l’eau dans la mémoire morte de l’eau. Vivre dans la mort vive, entre le souvenir et l’oubli de l’eau entre la soif et la soif… »
Ainsi dit la voix profonde et calme de Jabès. Voix venant des déserts, sereine de toutes les caravanes et de tous les hiéroglyphes, de toutes les sagesses. Et surtout de toutes les mémoires."

c'est une autre eau encore que celle évoquée ici par Jabès qui m'est apparue, une eau du lieu, un être de l'eau, être là au monde qu'accompagne le langage qui le borde peut-être est-ce pour cela que poésie est nécessaire.

découverte si mineure mais lever de soleil de bonne heure ce matin avant les embarras du jour
petit rien qui m'a rendue joyeuse





jeudi 6 juillet 2017

fraîcheur matin







ils étaient blancs hier et les voilà noirs n'est-ce ton regard ou le fleuve qui t'ont joué ce tour
est-ce le lieu ou le moment qui cherche ainsi à se retrouver tous les matins
ce sont des bruits peut-être des cris
soudain est là dans la lumière plistes de monde dans ce hors-temps qui fait plisser tes yeux
c'était sur le chemin qui ne se lasse


mardi 4 juillet 2017

cuisine d'aromates








Ocimum basilicum thyrsiflora et Perilla frutescens étaient leurs noms botaniques mais elle me les avait donnés habillés des noms familiers de son jardin intérieur la giâp ca et la tia tô elles les semait les observait comme l'on élève des enfants l'un tendant ses bras l'autre étirant ses jambes et ce dès le matin habitée par je ne sais quel malheur précoce de la vie elle le portait encore la soixantaine passée mais venant me parler des recettes d'une vie peuplée de mère mari enfants et petits enfants jamais à la place qu'elle aurait voulu mais l'auraient-ils pu elle est repartie souriante dans une adresse retrouvée oh si petite adresse sur le chemin d'une vie mouvementée elle a déposé une fois encore grands et petits malheurs et nous avons pu rire ensemble des farces et des joies d'une langue assaisonnée d'humour qui la fait trébucher une fois encore sur les mots ah que les aromates  peuvent être doux et aidants certains matins j'ai frotté la mémoire de leurs feuilles cherchant l'oraison de leur parfum cumin menthe ou n'était-ce basilic réglisse







lundi 3 juillet 2017

17, 18, 19, 20 ! oh oui je vous assure





toujours par deux ils sont revenus dans le bras calme du fleuve presque devenu étang en cette époque de l'année et les battements de leurs ailes m'ont fait imaginer qu'ils me parlaient quelque langue cygne onomatopées insignes tous phatiques de voyages et l'eau toujours l'eau tournoyante incarnoyante de reflets qui font dire encore et toujours combien l'océan est loin et sans beaucoup de façons je me suis demandée ce que leurs frappements d'ailes pouvaient bien traduire de voyages inachevés dans l'ombre des nuages vers son sud de sable blanc
 

dimanche 2 juillet 2017



toujours là passeure passante familière de la rosée qui taquine le museau des poissons loin des regards elle flotte suspension sur pages blanches en ses bulles sphères de monde