J'ai marché et je les ai croisés au détour d'un mur. Ils ont laissé à la surface des pierres, leurs histoires et leurs moi encombrants. Ce sont des ritournelles qui tournent en boucle et résonnent dans un monde devenu ahurissant. Ils sont et vous et moi, sans parcours grandiloquent ni plus de réponses. Le commun seulement, le banal ou l'anonyme avec toujours des questions qui traversent l'esprit comme un chien traverse par mégarde les rues de la ville.
Ils ont fermé leurs yeux globuleux sur une joue blafarde. J'ai observé ce lichen qui fleurit sur le marbre, dans son eczéma d'un temps devenu insupportable.
Mais pourtant ils sourient. Je vous dis c'est peut-être vous ou moi sous leurs paupières sommeil.
Et derrière leurs sourires j'ai retrouvé des ombres que j'ai croisées, oui comme vous et moi. Ni plus ni moins. C'est une lecture de leurs pages de pierre qui m'a fait penser à cette autre page :
" que ce qui diffère essentiellement entre un livre et un ami, ce n'est pas leur plus ou moins grande sagesse, mais la manière dont on communique avec eux..." 1
Ils étaient assis, oui, je crois. Je me suis alors assise tout à côté pour écouter leurs voix emportées dans le bruit du vent.
Ni plus ni moins.
1. M Proust : Sur la lecture.
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