Elle a laissé résonner cet étrange mot " innominée", elle n'avait pas été nommée à une fonction qu'elle convoitait, le ton de sa voix avait amené à entendre cet "innominé" comme l'attente déçue à une nomination où le narcissisme aurait été enfin comblé, le narcissisme, cette chose qui s'entend si fort, toujours encombrante, redondante et grotesque comme un masque de carnaval mal ajusté, elle le pistait tant en son parcours, il s'agissait pourtant ici d'une nomination de qui se devait de connaître le manque justement. Que venait-il donc faire encore à cet instant présent, affleurant en sa déception ? Et pourquoi n'avait-elle pas dit " innommée ", s'était-elle demandée, innommée comme peuvent l'être certains enfants, orphelins ou abandonnés et qui naissent sans nom ? Noms d'une fonction, d'une personne, voire d'une famille ou d'une école, d'une entreprise, ou d'une institution... noms pluriels où s'accroche l'attente. Le soir en rentrant, j'ai observé le retour des cygnes, chacun vaquant à ses affaires, multiples manières, agitations, ailes blanches s'ébrouant hors de l'eau, se regardaient-ils seulement, c'était face au fleuve.
Quelle émotion ce fleuve qui s'étire, paraît tutoyer l'infini tandis que le ponctuent les cygnes, à point nommé-à point nommés? Le narcissisme dans ce texte et le narcissisme, hélas, blessé, blessant, partout étalé. Innommée? Innommable?J'ai pensé à Beckett, au rien.
RépondreSupprimerJe reviens à la beauté du fleuve, une beauté qui ne se sait pas, non plus que celle du cygne battant des ailes. Quel repos que ce non savoir! Très belle soirée, Huê.
bonsoir Noëlle, le fleuve apaise, le fleuve s'écoule, le fleuve ne sait... Je partage vos points de vue ainsi " nommés" ;-), ainsi entendus ; parfois se tutoie l'innommable, le rien, que les ailes des cygnes recouvrent. Très belle soirée à vous aussi. Merci de votre visite
Supprimerin nomine patris...
RépondreSupprimervoilà ce qu'immédiatement j'ai entendu
Il semble que ce fameux non du père se soit effacé, dans la blancheur d'un beau cygne, peut-être... La voix du curé d'antan, dans sa soutane noire, a de fait marqué mes oreilles enfantines... bien que je ne fusse pas comme
"certains enfants, orphelins ou abandonnés et qui naissent sans nom"
oui oui ;-), le nom, le mot, le verbe,
RépondreSupprimerbelle journée à vous