mardi 4 juillet 2017

cuisine d'aromates








Ocimum basilicum thyrsiflora et Perilla frutescens étaient leurs noms botaniques mais elle me les avait donnés habillés des noms familiers de son jardin intérieur la giâp ca et la tia tô elles les semait les observait comme l'on élève des enfants l'un tendant ses bras l'autre étirant ses jambes et ce dès le matin habitée par je ne sais quel malheur précoce de la vie elle le portait encore la soixantaine passée mais venant me parler des recettes d'une vie peuplée de mère mari enfants et petits enfants jamais à la place qu'elle aurait voulu mais l'auraient-ils pu elle est repartie souriante dans une adresse retrouvée oh si petite adresse sur le chemin d'une vie mouvementée elle a déposé une fois encore grands et petits malheurs et nous avons pu rire ensemble des farces et des joies d'une langue assaisonnée d'humour qui la fait trébucher une fois encore sur les mots ah que les aromates  peuvent être doux et aidants certains matins j'ai frotté la mémoire de leurs feuilles cherchant l'oraison de leur parfum cumin menthe ou n'était-ce basilic réglisse







6 commentaires:

  1. Bonjour Huê, des parfums aromatiques puissants m'ont accueillie ce matin, diffusées par l'image des multiples feuilles et vos mots s'y sont tissés, disant la vie lourde mais porteuse aussi de lien,d'intonations mêlées, de mémoire et de passage. Une poésie de l'"entre". Merci.

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  2. bonjour Noëlle la mémoire des odeurs est paraît-il plus tenace et plus archaïque elle brouille parfois la piste des mots paraît-il paraît-il... un ami me disait une expression de Valéry : " tout ça n'est peut-être pas si faux" ;-))) belle journée ! je médite votre dernier texte !

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  3. Oui c'est ça c'est beau ce texte et cette photo ou s'emmêlent plantes et lumières comme passé présent mains qui plongent et qui gardent la trace autant que l'absence, tout ça fait un monde, une vie ou plusieurs d'ailleurs et le lecteur, le regardeur s'y mêle aussi.

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    1. c'est vrai cela fait un monde tout un monde comme le dit la langue ! c'est un monde quand même ! que des feuilles puissent ouvrir à tant de choses ;-)

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    2. « L'origine de notre monde n'est pas dans un événement, infiniment distant dans le temps et l'espace, à des millions d’années-lumière de nous – elle ne se trouve pas plus dans un espace dont nous n’avons plus aucune trace. Elle est ici, maintenant. L’origine du monde est saisonnière, rythmique, caduque comme tout ce qui existe. Ni substance ni fondement, elle n’est pas plus dans le sol que dans le ciel ; mais à mi-distance entre l’un et l’autre. Notre origine n’est pas en nous – in interiore homine –, mais en dehors, en plein air. Elle n’est pas quelque chose de stable ou d’ancestral, un astre aux dimensions démesurées, un dieu, un titan. Elle n’est pas unique. L’origine de notre monde ce sont les feuilles : fragiles, vulnérables et pourtant capables de revenir après avoir traversé la mauvaise saison. »
      Emanuele Coccia
      La fin du chapitre intitulé « feuilles » dans le livre tout entier consacré finalement à ce sujet : La vie des plantes, Une métaphysique du mélange, Bibliothèque Rivages, 2016

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    3. oh c'est à méditer ... merci du matin ;-)

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