il campe en silence là où émerge
le bruit c'est un souffle qui enveloppe les choses et s'impose à lui
hallucination peut-être mais elle lui dit respire respire elle est voix
hypnagogie elle lui parle au creux de l'oreille même dans le brouhaha du fleuve
il ne s'est pas endormi oh non oh non mais il est resté debout là face au
silence il a guetté les mots soupesant à chacun de leur passage cette unique
question que laisses-tu passer celui-là ou celui-là triant leur matière sonore
à travers le tympan du monde en ses craquelures cristal
lourdeur
lourdeur
paupières et
jambes
voici la nuit
Oh merci, Huê pour cette image et ce texte qui font écho à ce que nous échangions hier...Je m'identifie tout à fait à ce guetteur, sentinelle en vigilance tant externe qu'interne avec un œil mi-clos et une posture méditative. De manière amusante, il devient version noble d'une phrase malicieuse que j'entends parfois :"Tu fais ta suricat". D'où vient-elle cette statue?
RépondreSupprimerEt puis cette poésie de la voix au souffle berceur et des images : je résonne en particulier au "tympan du monde en ses craquelures cristal" où les sons donnent à entendre l'éclat de la brisure.
Et puis la finale, un haïku invitant à l'abandon du sommeil.
Vraiment merci Huê. C'est un enchantement que je vais partager avec d'autres sur facbook.
merci de votre retour la statue est du nord du Viêt-Nam mais elle aurait pu être ailleurs, d'ailleurs, elle m'a semblé intemporelle, humaine tout simplement.
SupprimerBelle soirée à vous !
Oui, c'est bien en tant qu'intemporelle qu'elle se charge d'une hum-anité où chacun peut se loger. Sa provenance vietnamienne me la rend encore plus précieuse.
SupprimerC'est drôle, je vois plus dans ce beau texte l'arbre planté dans le bord du fleuve ou le rocher dans la rive de l'océan plutôt que la sculpture taillée de main humaine, comme si l'abstraction pouvait réussir à emporter le mouvement de la vie. A moins qu'il ne dise cela justement, le guetteur, cet abandon au mouvement qui emporte tout et qui finira par l'emporter lui-même dans l'érosion de son bois.
RépondreSupprimernatura rerum nature d'abord dont nous faisons partie c'est vrai... belle journée à toi cher René
RépondreSupprimerje me disais aussi que percevoir le milieu du guetteur ;-) est peut-être le pas supplémentaire face aux mots qu'il guette, il est ce pas vers ce bruissement d'un réel sur lequel nous ne pouvons qu'imaginer l'essor des langues :-)))
RépondreSupprimerChère Huê, cette très belle sculpture semble faire partie d'une troupe... des hommes-forêt dont la langue n'est audible que par le vent, l'eau, la mousse, dans le tympan du monde et ses craquelures de cristal comme tu le dis si bien.
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