vendredi 7 avril 2017

Circulatoire, vases communicants avril

Faut-il encore présenter "les Vases Communicants", dont l'idée fut lancée par F Bon ?
/http://www.tierslivre.net/

Merci à Marie Noëlle Bertrand de permettre d'en poursuivre encore l'aventure, voici la liste des participants de ce vendredi 7 avril 2017
http://lerendezvousdesvasescommunicants.blogspot.fr/2017/03/liste-vases-communicants-davril-2017.html

Je l'expérimente à nouveau ce mois-ci, avec Dominique Hasselmann en son blog " Métronomiques".
/http://hadominique75.wordpress.com/
 
Circulatoire...est le thème lancé par Dominique. J'ai pris la balle au bond. On parle de système circulatoire, quand des fluides circulent entre des organes. J'ai imaginé des fluides de mots et d'images circulant d'un blog à l'autre, nous y avons croisé nos photos.
Merci Dominique pour l'expérience. Voici son texte avec une de mes photos.

De même, vous trouverez mon texte sur son blog https://t.co/DiSxpaW86L

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Circulatoire

La barrière est peut-être, en vrai, finalement, invisible : le blanc de la séparation qu’elle instaure avec le jaune du sable et le bleu de la mer peuvent laisser passer le regard à travers elle. Ce ne serait qu’un obstacle imaginaire.

Dans le flot circulatoire qu’elle présente, avec ses feuilles d’acanthe ou d’Alcantara, ses arabesques et ses courbes ouvragées, ses délicats virages et croisements intempestifs, elle se soumet au principe maritime qui s’agite – éternellement – un peu plus loin : le flux et le reflux, la marée haute puis basse (la flûte, le violoncelle), le bruit sourd et entêtant, comme si l’on frottait une clé en marchant sur les ouvertures éclatantes, l’harmonie musicale se déroule, s’enroule et laisse sur le sol, après s’être retirée, si l’on regarde bien, quelques coquillages abandonnés.

Les deux hublots – imaginons que nous soyons bloqués dans un paquebot échoué – semblent recopier un style plus ou moins napoléonien, quand la flotte n’était pas que de la pluie. Une vincible armada se serait ainsi posée au bord du rivage, pour un repos ou une trêve dans la guerre avec l’Angleterre ennemie (bien avant le Brexit). Le sang bleu du ciel, impérial, surplombe les différents plans du paysage.

Facétieux, le soleil transforme les montants blancs de la barrière en noir : c’est un artiste du contraste, il aime créer de l’ombre quand il éclaire, pour peu qu’un objet, métallique ou autre, lui oppose une quelconque résistance. Dans sa dialectique colorée, l’astre royal a choisi ce qui peut inverser sa proposition : l’envers du décor est toujours la réponse à son affirmation brûlante.

Tu m’avais donné rendez-vous sur la plage, au milieu des estivants. Tu porterais un maillot de bain rouge à bandes blanches (un peu comme une Ferrari de course, avais-je remarqué). Je cherchais à te reconnaître, au loin, pourtant il n’y avait pas un monde fou à fouler le sable. Mon cœur commençait à battre plus fort : et si tu n’étais pas venue, ou si tu t’étais éloignée vers la haute mer, en croyant crawler sans danger ?

Et puis j’ai reçu un SMS sur mon portable :
– Je suis à l’hôtel des Roches noires, chambre 375, tu viens ?
L’écran de mon téléphone affichait 15 heures.

Après tout, pensai-je, il suffira que j’imagine les fenêtres de la chambre comme des ouvertures rondes vers le grand large, et les plis des draps me rappelleront les vagues tandis que nous voguerons alors l’après-midi, sans souci ni bouée de sauvetage, sur notre barque rectangulaire et immobile.

texte : Dominique Hasselmann
photo : Lan Lan Huê



 










6 commentaires:

  1. description qui nous la fait voir cette barri!re et regarder autour tout autant
    avant d'amener la douce vie des personnages

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  2. Un paquebot échoué et une traversée immobile ou le voyage de l'écrivain dans les pages blanches du texte...

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  3. Un vrai scénario à la Éric Rohmer.

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