jeudi 29 août 2013

Le balcon qui n'existait pas


           Le balcon qui n’existait pas

                                                



Balcon sur, balcon sûr. Balcon sûrement inutile. Balcon sur vide barré de teck. Pour oisifs contemplant la lune.  Imbus d’eux-mêmes. Toisant le monde. D’en haut.

Lotus d’eau, miroirs d’eau, rêves d’eau. A leurs pieds. On gribouille, on proclame, on profane, on piétine. Abondamment.

                                                                                                                                                                             
Sous le balcon, c’est sûr, ils  rêvent ou ils sont tous insomniaques.  Mais qui donc se réveille ? Ils sont pourtant tous venus, aujourd’hui. Avec des pleurs plein les yeux. Des lamentations plein la bouche. Face au balcon, leur bureau des réclamations. Ils espéraient la paix tout simplement. Une paix durable, douce, fraîche, vraie…,  normale quoi. Mais voilà. Elle arrive, décadente, claudicante, hoquetante. Comparution impossible. Y a plus. Y est plus. Absente, rayée de la carte. Depuis la nuit. Quelle nuit ? L’autre nuit. Les autres nuits. Toutes les autres nuits. Depuis la moire vibrante des nuits insomniaques.
                                                 

Les nuages flottent. Les lettres s’emmêlent. Elles vous font des couleurs pas possibles puis des images et parfois de drôles d'idées. Et les mots trébuchent, arrivent à saute-mouton, dans l’écume des lèvres. Timides, engourdis, salis par la soupe du matin. Mais certainement ni assez vigoureux, ni assez souples pour soutenir un regard affirmé sur le monde.

Et voilà les colères et les bagarres qui démarrent. Bien sûr. Evidemment. Comme à chaque fois. On en vient aux mains. Car les mots dérapent. Voilà aussi toutes ces rencontres improbables entre l’étage du balcon, le sous-sol de l’eau et la vapeur de l’air. Et ce que l’un ne peut dire, l’autre se met  à le dire avec ses mains, avec ses pieds, avec son eau, avec ses molécules, vert, bleu, noir, et puis sa boue pour finir. Parce que l’autre n’entend pas. Et vlan ! Un petit coup pour te réveiller. Un bon direct. Efficace. En plein dans le mille. Dessus, dessous.

C’est un sous-titrage permanent de la vie qui défile. Commentaires, rumeurs, bavardages, radotage, tout y passe, ça défile, en flot continu. C’est la vie. Consubstantielle au brouhaha. Elle. Lui. La vie. En tous ses états.

 

Le balcon, nul ne sait où il est. Certains chuchotent même qu’il n’existe pas, qu’il n’a jamais existé.
                                      Mais certains y prennent encore et toujours rendez-vous.


                                        Mais certains y prennent encore et toujours  rendez-vous.



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