La carpe
Parler, parler. C’est un brouhaha
autour d’elle. Et la carpe gobe. Gobe. Tout ce qui se dit. A force de gober, la
carpe laisse entendre des borborygmes. Alors on croit qu’elle parle. On dit
même qu’elle parle. Ça y est, elle a parlé. Et ce qui sort de sa bouche de
carpe, soudain, la fait se retourner sur elle-même. Qui donc vient de parler ?
Qu’est-ce donc qui parle ainsi à partir de sa bouche d’ombre ? Quelqu’un n’avait-il
pas dit « Je est un autre ? »
Avec son âme de carpe alors, elle ne
sait même pas comment saisir les questions qui se posent à elle. C’est pour ça
qu’elle vous les pose, ces questions. Carpe-sphynge. Pour s’en délester. Pour s’en délivrer. Pour les résoudre. Car les sphynges ont des
questions auxquelles elles ne savent pas répondre. On le sait bien. C’est pour
cela qu’elles interpellent le passant. Elles tentent de leur soutirer un avis
qui pourrait arrêter enfin le flot des énigmes qui s’engouffre en elles. Questions sans fin qui
pénètrent dans leur bouche sans fond. Dans ce fleuve du devenir où circulent les êtres les
plus improbables.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire