samedi 14 septembre 2013

La carpe

                                La carpe

                       


       
Parler, parler. C’est un brouhaha autour d’elle. Et la carpe gobe. Gobe. Tout ce qui se dit. A force de gober, la carpe laisse entendre des borborygmes. Alors on croit qu’elle parle. On dit même qu’elle parle. Ça y est, elle a parlé. Et ce qui sort de sa bouche de carpe, soudain, la fait se retourner sur elle-même. Qui donc vient de parler ? Qu’est-ce donc qui parle ainsi à partir de sa bouche d’ombre ? Quelqu’un n’avait-il pas dit «  Je est un autre ? »

Avec son âme de carpe alors, elle ne sait même pas comment saisir les questions qui se posent à elle. C’est pour ça qu’elle vous les pose, ces questions. Carpe-sphynge. Pour s’en délester. Pour s’en délivrer. Pour les résoudre. Car les sphynges ont des questions auxquelles elles ne savent pas répondre. On le sait bien. C’est pour cela qu’elles interpellent le passant. Elles tentent de leur soutirer un avis qui pourrait arrêter enfin le flot des énigmes qui  s’engouffre en elles. Questions sans fin qui pénètrent dans leur bouche sans fond. Dans ce fleuve du devenir où circulent les êtres les plus improbables. 

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