lundi 28 octobre 2013

Réveil improbable ?



« La vie est un songe ». Leitmotiv depuis des siècles. Tout autour de la terre. Il insiste, hache les phrases, heurte le souffle. Meurtres, amours, illusions, décadences, tous enfouis au sein de la nuit, imbibés de la moiteur des draps. Petits fantasmes bénins. Qui dictent leur éternité de sommeil. Tout autour de la terre. Tombés dans l'oreille de sourds, incrédules, impavides. Leitmotiv inutile.

Ce sont des mots-sommeil. Si beaux qu'ils endorment. Si doux qu'on n'y comprend plus rien.  Ils racontent des histoires. Sur les plages de la nuit. Assoupies.

Mais voilà, le matin a effacé les ombres de la nuit. C'est une vigilance blanche. Qui veut oublier. Essorée par les cycles des sommeils. Arrivent alors des êtres revêtus de leurs costumes d'entre-deux mondes. Entre rêves et réveil. Métissés. Fragmentés. Eclatés. Débris minuscules, broyés par la morsure des songes. Ils arrivent quand vient le jour et que se réinstalle le couvercle des habitudes. Ne savent plus.

Ne restent alors au matin que des mots obscurs. N'arrivent plus à sortir. Ils vont jusqu'à se demander : "Mais qu'ai-je donc dit ?"
Humilité vagabonde. Certaine incertitude. Ils guettent l'épure d'une improbable lumière.
Mais "la vie est un songe", qui ne le sait ? Ce sont des mots-sommeil. Si beaux qu'ils endorment. Des mots qui endorment en voulant réveiller. C'est comme un vaccin qui jamais ne prend.

Alors, pourquoi écrire donne parfois le sentiment de se réveiller ? De franchir sans cesse ce pont entre deux. Car pas à pas. Entre deux phrases, entre deux mots, joindre les deux bouts. Relance. Jamais assurée. Intranquille. Qui s'essaie, efface, joue. Se tait. Puis réveille doucement la coque des mots.

Ils sont devenus insignifiance, bruit, coulures du monde.

De ce côté - ci des mots, dans leurs zones d'ombre.  Ecrire. Réveil improbable...?



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