dimanche 19 octobre 2014

Le blog comme laboratoire

Une amie m'a envoyé un texte qu'elle avait écrit, il y a longtemps. Toujours d'actualité, m'a-t-elle dit. C'est sans doute ce qu'on nomme le hors-temps. Il y était question de silence, de blanc, de vide. Texte ténu, entre géométrie et finesse, l'un désignant la terre de l'autre dans son étrangeté.

J'ai pensé à toutes ces anecdotes enfouies au fond de nos nuits. Dérisoires et si pourtant elles contenaient toute la vie, dans ses éclaboussures de jouissance, ses fanfreluches périmées et leur note animale, insistante, familière. Sans foi ni loi. Musique barbare au coeur de l'humain. Devenue seulement bruits que le silence ensevelit. Dégustation des vieux rêves de la vie, que ne vous fait-on pas dire ?

Je suis revenue vers le silence. Je m'y suis blottie. Face au blanc et aux échos venus des nuits endormies, là où devait naître la pureté de leur semblant, sont venus en cohorte, mots, phrases. Dans la solitude des lettres. Elles ont dansé sans fin, devant mes yeux. Et je n'ai pas su avec elles, broder au moins une histoire, une seule. J'ai raturé, gribouillé, effacé.  Restes et débris. Tous riaient au fond de la  poubelle. 

J'ai voulu  écrire. Ecrire. Encore écrire. Il y eut soudain devant mes yeux, un passage de lettres en poste restante, aux adresses improbables.


J'ai déchiffré leurs timbres, leurs pays et puis encore leurs dates, le cachet de la poste faisant foi dit-on. Mais de quoi ? Une ombre  passe. Histoires, histoires que tout cela. Effacées. L'une après l'autre. Que recueille le blog au fil des saisons. Laboratoire. Expérimentations.  Empilements. Consignes de l'invention. Hésitantes.Trébuchantes. Dépôts.




Ecrire comme une main tendue vers l'autre. Cet ami logé dans le blanc du silence. Assis sur ses nuages numériques. Et qui parfois répond. 

Et de ces lettres au panier, je me suis fait des cocottes, des avions, et puis des chaises, des tables et puis des chardonnerets, des fruits et des fleurs impossibles.
Origami de la vie. Qui rit et s'ébaudit. Mais revoilà encore les fossés et les ornières où butent les histoires. Manro de l'impossible...





Ecouter le silence, espérer sa connivence avec la parole. Une main tendue vers.

Un jour peut-être.

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