dimanche 8 février 2015

Les chaises, sur une photo d'Anna Jouy



Ils sont partis. Et n'ont laissé que leurs chaises. 

Il n'y a plus rien.
Si ce n'est la lumière qui blanchit. Et l'eau qui poudroie. Les pieds. Les branches. Et puis les pierres. 

Et des mots de sel. Morsures de l'aube. Du jour. De la nuit. Rondes de la mémoire qui passe. Et perle. Goutte à goutte. Et pousse. Le filet de la langue.

J'ai beau regarder. 

Seulement du vide. Et un peu de silence. 

L'hospitalité du monde ne dure pas. Vieillir à deux contient peut-être une espérance. Celle de repousser la solitude. Face au vide. Et son clapotis dans les veines de l'oubli. Sonne le rappel. Il fait entendre dans le coeur. De son phrasé de vagues. Un : "Je me souviens. D'une nature belle, feuillue, exubérente. De sa vie si sûre. Dansant sur des marches de granit rose. Se jouant des racines glissantes. Dangereuses. Glissando de la vie. Doucement. " 

Mais il ne reste que des mots. Qui s'envolent. Et puis s'embrouillent. Ils racontent leur diaspora. Polyphonie d'outre-mer. Incrustée de ses fruits. Confitures du temps. Saveurs de la vie. Qui racontent. Et croustillent. Les dimanches de la vie.








4 commentaires: