rencontres sans objet

regards moineaux au "Jardin méditerranéen "

 

à cent lieues à la ronde
elle repousse
la pluie la pivoine
( Buson)

se répéter dès le matin
vive la pluie
malgré les pétales

du chariot le fracas
elles en résonnent encore
fleurs de pivoine
( Buson )

rien d'anormal
corbeaux mésanges et moineaux
radio printemps il est huit heures

le fleuve encore

le fleuve dans son oeil droit
dans son oeil gauche 
un cavalier
( Sei )

est-ce lâcheté
que préférer
le fleuve

je suis appelée par les herbes
du fond de l'eau
fête de printemps
(Onitsura)

tu dis
tu es
moissons de choses vives

pivoines en leurs bruits matin

d'une pivoine

deux ou trois pétales

l'un sur l'autre

(Buson)

moineaux 

qui picorent

oh tous ces bruits de printemps

sur la pivoine blanche

netteté 

de la fourmi

( Buson )

pivoines

en robes froissées

et vos regards restés dans l'herbe

rosée du matin

et l'esprit

frais si frais 

fraîcheur

la fraîcheur 
j'en fais ma demeure
et m'assoupis
(Basho)

ombres
sous les pétales
voici le vent du soir

chaque fleur qui tombe
les fait vieillir  davantage
les branches de prunier
( Buson )

promesses d'été
promesses d'automne
si sucrées déjà

jardin du pin retour au bosquet

en ce beau jour de ciel bleu
il parle en rêve d'un rêve
suspect ! suspect !
il trompe l'assemblée
( wumen huikai)

les revoir
et puis se perdre
dans chaque pétale

odeurs
couleurs
foisons foisons sans vrai ni faux

s'y abandonner
abandonner
abandonner

guetter les pivoines

 

pivoine oui
pivoine non
pivoine de tous les printemps

sable dans le bol
feuilles dans la terre
déjà déjà

le chemin
le chemin
pourtant

choses minuscules

tremblant dans les herbes

des champs

le printemps s'en va ( Issa)

blanc

bleu vert

le vent 

rien d'autre aujourd'hui

que d'aller dans le printemps

rien de plus ( Yosa)

dans la rosée

se balançant

oh les pieds mouillés

des ronds dans l'eau

  

fleur de printemps, lune d'automne
brise d'été neige d'hiver
rien ne préoccupe l'esprit
telle est la meilleure saison
( wumen hukai)

ivresse blancs blancs blancs
miroir miroir
mânes du fleuve

la grande affaire
qu'appellent-ils donc
vie et mort dissous dans l'instant présent

Jardin du pin avril

matin frais 

quelques chiens et leurs maîtres 

à l'ombre des arbres

habitants 

qui étiez-vous 

dans si belle demeure

reflets 

arbres en ciel

déjà là peut-être

gouttes fraîcheur

pistils couleurs

que n'ai-je les pinceaux

habitants de l'eau

mi escargot mi herbe

mille chemins
néanmoins

une fois franchi

le seuil du jour

à verses à verses oblique soleil

essaimant
ombres et lumières
dans les mirages du chemin

derniers blancs

ivresses ivresses

vous êtes
cette épaisseur
printemps
suspendues

or du soir
miroir miroir

paisible paisible

des ronds
des rides

et tous ces ventres argentés

ah le vieil étang
une grenouille plonge
le bruit de l'eau
( Basho)

chemin de halage
échos sonores
des pierres encore

hôtes du soir

 

 

la nuit de l'aube

même à minuit 
l'aube est là
même à l'aube naissante 
c'est la nuit 
( Dogen)

heure
la lune
si haut dans le ciel

le temps le temps
quel tour
m'as-tu joué

histoires minuscules

germes
surgeons
rondeurs
verdeurs
que nourrit l'eau vive
fluide si fluide
en son éclat de pierres

promenade du soir

ni bon ni mauvais est le soir

il est il passe 

sans porte aucune

éternel printemps

le printemps 
qui s'éloigne
parmi les derniers cerisiers
( Buson)

pétales pétales
enivrés
de blanc

matin de printemps
mon ombre aussi
déborde de vie
(Issa)

mauvaises herbes
toutes en fête
elles aussi