mercredi 16 juillet 2014

Quand les mots fatiguent d'être seulement humains


Tu étais parti vers le bout du chemin. Je n'ai vu que ton dos qui s'éloignait sur le chemin de halage. En existe-t-il par ici, le long du fleuve? Chemin de surplomb, extrait des vagues, de leurs remous, protégé des trous d'eau qui emprisonnent la marche. Chemin qui nomme le fleuve.Tu es le fleuve.



Tu avais rêvé  les promenades de la vie. 


                                        


Amours et rencontres. Au singulier et aux pluriels. Et puis le temps rattrape déjà au  tournant. Déjà ? Là où affleurent l'ardoise et les rosiers de vignes. Et plus loin  dans les veinures du sol. Shiste et puis quartz, feldspath, mica. Hasard entremêlé des poussées de la terre.

Ne reste plus que le chemin. Mais trop de clarté. Aveuglante. Dissonnante. Et plus rien à comprendre. Et  surtout, peut-être, avoir tout compris de travers. Jokes entremêlés.

Acédie. Soleil de midi. Qu'ils disaient. Qu'ils écrivaient. Pourtant j'ai lu, relu, tourné autour des mots. Je les ai même soupesés, contournés, mis au travail. Extrait leur possible matière. Mais à force de les polir, lecture arasante, ils sont devenus vides, pauvres mots, belles écorces, mille reflets, miroirs multicolores, soupçons de réel.



    
C'est une lumière plate sans relief, éveillant à une vie sans ombres, ni saveurs, pauvre vie déshabillée, dénudée, disséquée. Réveil raté car sans reliefs ni restes. Lumière plate de midi où s'est épuisée la quête d'une essence qui n'a jamais appartenu à la vie. Le Roi est nu. La vie a des entrailles vides.

Elle est donnée pour en faire le chemin. Et  rien au-delà. Et tous ces textes et leurs documents qui faisaient miroiter un au-delà.

Il y a juste le soleil du matin et  celui du soir et puis celui de midi. Qui font jouer les étoffes de la vie. Il n'y a rien au-delà, ni essence, ni être, ni réel. Rien. Seulement des intuitions qu'ils ont érigées en vérité.


Pressentiment humain, trop humain..

Alors, des mots libres enfin  ? Mais non, mais non. Des mots. Pas tant pour ne rien dire. Mais seulement pour boîter joyeusement en chemin.

Chemin unique. Au terme paisible. Rien ne sert de lui en vouloir d'avoir des caillous, des hibous, des chous où s'épuisent les genous. J'ai du en oublier en chemin...

Mais qui parle  ?

J'ai beau appeler.

Personne ne répond. 

Mots, souffles, vents. Quand les mots fatiguent d'être seulement humains.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire