Nous avons devisé là où le Mékong
a fait une boucle dans le temps. Un ami, venu me rendre visite, m’a
parlé de La Magdalena, de Bornéo et de Singapour. Et de tant d’autres
choses intimes avec le silence. Nous avons devisé, sur ce frêle esquif de la langue.
Deviser en français.
Ecriture-monde, parole-monde.
Un souvenir m’est revenu de
mes années d’analyse. Elles ont commencé
par cette invite de Serge Leclaire :
«Ecrivez-moi, je vous répondrai.» J’ai
écrit, écrit durant toutes ces années et puis après, encore, toujours. Car Serge Leclaire accusait réception de ce qui n'était resté jusque là, qu'en poste
restante. Et je parlais en vietnamien à quelqu’un qui ne le comprenait pas. Mais les
mots en vietnamien ou en français, ou en « made in inconscient »
sortaient de ma bouche. Ils franchissaient le gué. Et leur traduction était une
danse dans le corps vers une vérité qui cherchait à se dire.
Vérité-fiction, semblant-mensonge
de ce mi-dire de la vérité. Jamais atteignable. Toujours à l'horizon.
Un livre est arrivé ces
jours-ci : Pour une littérature-monde.
Je l’ai parcouru. « Les beaux livres sont écrits dans une
sorte de langue étrangère » disait Proust.
Nous avons devisé. Face au fleuve.
Il y a des lieux qu’il est possible
d’habiter même quand ses amis s'en sont allés. Jan et Hannelore en font partie.
Dans cette boucle du temps. Fleuve du devenir. Poser ses bagages, enfin. Dans les
écorces croustillantes des mots.
Vignes et rosiers |
Le fleuve
:-) |
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