"Borges a dit un jour qu'il était infiniment plus évolué de lire que d'écrire et bien qu'il ait sans doute amoindri la force de ce mot en écrivant beaucoup lui-même, je crois savoir ce qu'il a voulu dire. Jamais un écrivain ne connaît la liberté absolue du lecteur désintéressé qui n'est que lecteur. La restriction n'a ici, rien de péjoratif, au contraire. Le lecteur qui lit seulement pour lire est le seul vrai lecteur. Les écrivains lisent en rapaces, ils ne peuvent lire sans penser à écrire. Certains écrivains lisent comme des espions économiques, d'autres comme des amants jaloux,mais dans tous les cas, ce sont des lecteurs dénaturés, à mille lieux de cette figure radieuse et platonicienne,le lecteur idéal et rêvé, l'exceptionnel prolongement naturel et vivant de chaque livre, celui qui ne cessera de récrire le livre sans rien demander de plus à l'écrivain, qui lui a déjà fourni ses mots.... (1)
" On pourra croire que les choses n'ont pas tellement changé depuis cinq cents ans, dit-il, mais cette fois je dois partir, on a besoin de moi de tous les côtés. Par moments j'aimerais bien être un X. "
Parvenu à la porte, il se retourna encore une fois.
"Salue les de ma part à Florence, dit-il, et si tu veux me voir sous mon jour le plus avantageux, quand j'étais encore jeune, c'est là-bas qu'il faut aller."
Et il s'éloigna dans l'allée du jardin. Lorsqu'il crût être hors de ma vue, je l'aperçus au loin qui enfilait prestement un Windows italique et se mettait à courir comme pour entamer un marathon."(2)
1. Cees Nooteboom, Pluie rouge, Rencontre avec une capitale, Actes Sud, 2008, p 93.
2. Ibidem, p97.
Merci, j'ai beaucoup aimé, j'ai fait un petit article sur le sujet :http://contactsimprovisations.blogspot.fr/2014/08/des-hauts-et-des-bas.html
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