lundi 16 octobre 2017

historioles







Je veux donner mon corps à la science donner mon cœur mes poumons mes reins que ce corps serve à quelque chose je n'en veux plus de mon corps je voudrais que la science en fasse autre chose que ce que la nature m'a donné son accent déterminé disait l'intensité de sa tristesse désespoir d'un handicap passée la colère à trébucher depuis des années sur les mots de la langue courante que dire face à son désarroi le destin peut-il infléchir à ce point un parcours de vie accepter est-il un mot si immense si inaccessible telle la montagne de la vie accepter d'entendre sa douleur serait-ce déjà le début du chemin accepter ses doux yeux d'enfant tranquille accepter sa générosité accepter sa vivacité et ses rires serait-ce par ce biais là aussi que pourrait se faire le chemin de l'acceptation accepter n'est-ce pas seulement accepter le désastre mais aussi les si petits bonheurs du jour et sa voix intérieure qui disait aussi la société me laissera-t-elle à la rue comment vais-je vivre me nourrir me loger la question laisse sans voix et bien démuni pour qui veut l'entendre c'était sur le banc de la vie qui regarde passer les promeneurs du jour éclopés handicapés désespérés tous solidaires de ce manque qui fait gîter la vie tempêtes permanentes avec ces quelques mots dans la poche j'ai repensé à ce doux poème d'automne
l'eau du bain
où la jeter
le chant des insectes
minuscule travail de fourmi que ce travail Pénélope des mots emmêlés il s'y s'accroche l'espérance mais où donc as-tu mis le couvert
la cloche du soir
et le bruit des kakis mûrs du temple
qui tombent
peut-être en ce réservoir de l'or d'automne venu se loger dans l'instant mais suffiras-tu à apaiser le bruit de la pluie qui goutte sur le rebord de la fenêtre






6 commentaires:

  1. C'est très beau et m'émeut beaucoup; l'image tout en opacités et transparences, en répétition et variations...Et cette parole entretissée où s'entend la désespérance d'un vivre en même temps que des fragments d'espoir, fragments poétiques d'un "pousse à vivre". Dans "acceptation" et "accepter"qui insistent ici, j'ai retrouvé cet élan qui m'avait emportée à lire l'extrait de Nietzsche consacré à l'amor fati ce qui, à mes oreilles se mettait à bruire dans le mot "acquiescement" comme du vent dans les herbes s'inclinant. Merci Huê pour ce partage que le titre joyeux "historioles" met en farandole.

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  2. si grand merci de cette évocation de l'amor fati, " ce qui ne tue pas nous rend plus fort " ; à acquiescement je pense aussi à consentir et à tout cet éventail d'actes intérieurs qui sont comme des étapes progressives. L'amor fati serait-il au bout du chemin, brûlant, car pourrait y renaître le désir...de vivre tout simplement

    très belle soirée à vous Noëlle, grand merci de votre retour

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  3. Beau ce tableau, étranges kakis un peu flous, un peu oiseaux arrêtés, en attente ou nous laissant en attente. Et belle aussi cette réflexion sur la douleur et cet aveu de la fragilité.

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  4. cela m'a fait chercher une reproduction plus nette des "six kakis" dont j'apprends que les reproductions ne sont pas très bonnes ci joint cette analyse de cette peinture chinoise du moine Mu Qi du 13 siècle.

    https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=3&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwix4bTy-fbWAhXKbBoKHaHmD_wQFggxMAI&url=http%3A%2F%2Fwww.shobogenzo.eu%2Farchives%2F2013%2F04%2F15%2F26931831.html&usg=AOvVaw0QVAYU6El4gCMIO8en9M_R

    le vide le plein le mûr le cercle le carré ainsi posés mais sur aucune table réflexion déjà offerte dans ses formes kakis abstraites et concrètes à la fois la nature comme offre pensées vibrantes perceptions et entendements entremêlés les artistes nous précèdent non comme réponses mais comme énigmes offertes encore et encore pousse à dire encore et encore
    belle journée cher René !

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    1. Merci de ces précisions et de ce prolongement à pénétrer l'espace énigmatique, pousse à dire mais aussi à faire, pousse-toi le dire et laisse-toi le faire ! L'art, c'est bien vrai est là indispensable et indissociable du dire et du non-dire. A bientôt chère Huê.

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